2 novembre 2013 Minuit Baden-Baden 2 November 2013 midnight

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La Dame aux Camélias

« Ce sera donc notre dernier rendez-vous…pour l’instant. »

Il ne m’apprenait pas une grande nouvelle. J’avais reçu dans l’après-midi un message précis de l’EDITEUR : « Vous avez visiblement épuisé les joies des thermes de Baden-Baden. J’ai accepté ce long intermède pour que vous ayez le temps de faire connaissance – approfondie – de votre double, de parcourir ses écrits et de marcher dans ses pas. Mais demain, vous partirez pour l’étape suivante. Il n’est que temps de revenir à l’exploration des vertus des eaux thermales. C’est bien la mission que je vous ai confiée, n’est-ce pas ? »

Et j’avais trouvé en lien ma feuille de route. « En passant par la Lorraine », comme dit la chanson, vous allez rejoindre l’Auvergne. Un rendez-vous « Café de l’Europe » est prévu avec vos compagnons. »

Du coup, Groddeck a très vite sorti ses dernières cartes – ou plutôt ses dernières photographies.

« Je passe très vite sur Marie Duplessis. Je vous ai préparé une sorte de paquet cadeau. Imaginez la silhouette de la « Dame aux Camélias », passant en 1842 comme une ombre un peu maladive dans les rues de la ville et écoutez ce bel enregistrement de « La Traviata ». Ce sera en quelque sorte une musique d’adieu. Je vais ensuite retourner à ma correspondance posthume. Je vais toutefois vous présenter une autre personnalité à mon avis injustement oubliée : Thérèse Lachmann. C’est cadeau, comme on dit à votre époque ! »

Et il s’évanouit en me laissant une sorte de biographie plutôt émouvante. Si je connaissais le nom, j’ignorais sa vie !

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La Paiva

Thérèse Lachmann, fille d’un tisserand, est née en 1819 dans le ghetto juif de Moscou. À 17 ans, elle épouse un ami de son père, le tailleur Antoine Villoing. Mais après deux ans, elle s’enfuit à Paris où sa première préoccupation est de se constituer une garde-robe qui l’aide à trouver un riche amant. Par chance, à Bad Ems, elle rencontra le pianiste Henri Herz, qui l’héberge à Paris avec sa famille et lui offre une vie somptueuse avec une garde-robe coûteuse, des bijoux et qui lui apprend les usages du monde. Richard Wagner et Hans von Bülow faisaient partie des invités de Thérèse.

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Henri Herz

Cette vie a pris fin lorsque Henri Herz est parti pour une tournée de concerts en Amérique. De ce fait, elle se retrouve à la porte !

Après des années de privation, elle arriva en Angleterre « avec une nouvelle garde-robe », trouve un protecteur et voyage avec lui à Baden-Baden, où elle rencontra le duc portugais de Paiva-Araujo, avec qui elle se marie puisque son mari était mort entre-temps.

Cependant, le temps passé avec le riche marquis n’a pas duré bien longtemps. Il se retira au Portugal. La Paiva, comme on appelait désormais Thérèse, séjourna à Paris et mena une vie de luxe dans la plus élégante maison des Champs-Élysées.

Après la guerre franco-prussienne de 1870-71, le deuxième mariage de Paiva fut annulé et elle épousa cette fois le comte de Prusse. La popularité de la comtesse, désormais allemande, s’était bien entendu évanouie à Paris, en raison de son attitude amicale à l’égard de l’empire allemand.

En 1878, Thérèse et Guido Henckel von Donnersmarck quittèrent la France et vécurent en Silésie, au château de Neudeck, où Thérèse mourut en 1884.

Voilà donc une belle histoire européenne, comme l’EDITEUR nous en demande pratiquement chaque jour.

Et, comme il le dirait lui-même : « La suite au prochain épisode ».

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Marie Duplessis

 

Thus « It will be our last meeting … for a while. »

It was not a big piece of news.

I had received in the afternoon a precise message of the PUBLISHER: « You apparently went plenty through the pleasures of the thermal baths of Baden-Baden. I accepted this long interlude so that you took the necessary length of time to get acquainted – going deeper into – with your double, to examine its papers and to walk in his steps. But tomorrow, you will leave for the following stages. It’s time to return to the exploration of the virtues of thermal waters. It is your mission, right? »

 
And I found in link my road map. « Via the Lorraine« , as says the song, you go to join Auvergne. A meeting « Café of Europe » is planned with your companions.

As a result, Groddeck very fast took out his last cards – or better said his last photos.

« I pass very fast on Marie Duplessis.

 I prepared for you a kind of gift-wrapped parcel. Imagine the silhouette of the « Lady of the Camellias« , passing in 1842 as a sick shadow in the streets of the city and listen to this beautiful recording of « La Traviata« . It will be in a way a farewell music. I am then going to return to my posthumous correspondance. I will however introduce another personality – in my opinion inequitably forgotten: Thérèse Lachmann. »

And he disappeared, leaving me read a kind of rather moving biography.

If I knew the name, I ignored her life!

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Thérèse Lachmann, daughter of a weaver, was born in 1819 in the Jewish ghetto of Moscow. At the age of 17, she married a friend of his father, the tailor Antoine Villoing. But after two years, she went away in Paris where her first concern was to establish a wardrobe which could helps her find a rich lover. Luckily, in Bad Ems, she met the pianist Henri Herz, who welcomed her in Paris as part of his family and offered a luxurious life with an expensive wardrobe, jewels and who made her obvious the uses and behavior of the high-society.

 

La Paiva

 

Richard Wagner and Hans von Bülow were some of the guests of Thérèse.

This life came to an end when Henri Herz departed for a concert tour in America.

Therefore, she found herself homeless!

 

Paiva Hotel Champs-Elysées

After years of difficulties, she arrived in England « with a new wardrobe« , found a protector and traveled with him to Baden-Baden, where she met the Portuguese duke of Paiva-Araujo, to whom she married because her husband had died meanwhile.

However, the time spent with the rich marquess did not last a very long time.

Paiva, as one called Thérèse, stayed in Paris and lived a luxury life in the most elegant house of the Champs-Elysées.
After the French-Prussian war of 1870-71, the second marriage of Paiva was cancelled and she married this time the count of Prussia. The popularity of the countess, from now on German, had naturally fainted in Paris, because of its friendly attitude towards the German empire.

In 1878, Thérèse and Guido Henckel von Donnersmarck left France and lived in Silesia, in the castle of Neudeck, where Thérèse died in 1884.

Here is thus a beautiful European story, as the PUBLISHER asks for practically every day.

And, as he would say: « follow the next episode.