22 octobre 2013 20H Baden-Baden 22 October 2013 8 pm

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Baden69

Cliché Loiez Deniel

Voilà le temps devenu parfaitement immobile. Cela va faire bientôt un mois que je me suis établi à Baden-Baden. J’ai presque épuisé tous les livres que j’avais apportés avec moi et ceux que l’EDITEUR avait mis à ma disposition dans la bibliothèque de l’hôtel.

Un mois, comme une semaine. Des moments de marche, des passages dans les thermes pour mes comptes-rendus réguliers sur le thermalisme, des lectures…puis, à la nuit tombée arrivent les visiteurs, un peu comme des compagnons d’heures heureuses qui se délecteraient avec moi d’une nostalgie souveraine.

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Et Groddeck semble m’avoir adopté, un peu comme un animal de compagnie à qui on commente l’actualité avant de trouver le sommeil. Mais il s’agit bien en l’occurrence d’une actualité qui date de pratiquement un siècle !

« Un siècle, c’est justement l’espace de temps occupé par Marlene Dietrich. Et quand je dis « occupé », je suis certain que vous n’aurez pas manqué de noter toutes les acceptions du mot. Elle avait déjà plus de trente ans quand j’ai cessé d’écrire. Et pourtant, le pire comme le meilleur des ambiguïtés étaient encore devant elle. »

Et il demanda au responsable du bar qu’on trouve un vieux disque noir dans les armoires de la bibliothèque de l’hôtel afin que nous puissions nous couler parfaitement dans l’atmosphère appropriée.

« Vous connaissez certainement la phrase qu’on lui prête ? C’est vrai qu’on ne prête qu’aux riches et dans le cas présent, c’est bien aux riches du monde entier qu’elle s’adressait : “This is the most beautiful Casino in the world – and I know all of them”.

Passage lumineux, incandescent même !

Pourtant, je me souviens d’avoir écrit : « Il est certain que ces deux pulsions : exhiber et voir, occupent une grande place dans l’existence humaine et ont une influence sur tout ce qui est humain et trop humain. »

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La belle s’est certainement trop exhibée et pas toujours forcément au bon endroit, au meilleur moment. »

Et il est resté pensif, tout en fredonnant à mi-voix un air qui se dévidait sur la platine…

« Sag mir wo die Blumen sind, wo sind sie geblieben Sag mir wo die Blumen sind, was ist geschehen? Sag mir wo die Blumen sind, Mädchen pflückten sie geschwind Wann wird man je verstehen, wann wird man je verstehen?

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Je me suis plongé à ce moment-là dans la lecture du Badisches Tagblatt, Baden-Baden, du 24 mai 1960 que l’EDITEUR avait fait déposer dans ma chambre à l’intérieur de l’épais dossier de documents dont il avait deviné la nécessité absolue pour que je puisse nourrir mon blog de références.

Lorsque ma lecture s’est achevée, Groddeck avait disparu et c’est un disque de Barbara dont la voix cassée avait triomphé de la voix rauque de l’icone d’un cinéma évanoui.

 

« Bien sûr, ce n’est pas la Seine, 
Ce n’est pas le bois de Vincennes,
Mais c’est bien joli tout de même,
A Göttingen, à Göttingen.

Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent,

Mais l’amour y fleurit quand même, 
A Göttingen, à Göttingen.

Ils savent mieux que nous, je pense,
L’histoire de nos rois de France,
Herman, Peter, Helga et Hans,
A Göttingen.

Et que personne ne s’offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois » commencent
A Göttingen. »

 

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Photo Loiez Deniel

What about my mood? Perfectly motionless. I am going to reach soon one month stay in Baden-Baden. I almost red all the books which I had brought with me and those that the PUBLISHER had provided for me in the library of the hotel.
One month, as a week. Moments of walking, visits in thermal baths for my regular thermal reports, readings … then, in the dark night, the visitors come, as companions of happy hours who would delight with me a sovereign nostalgia.

 

And Groddeck seems to have adopted me, a little as a pet to whom one comment the current events before falling asleep. But in this rather strange night, the events came practically a century off!
« A century, it is exactly the lifetime of Marlene Dietrich. And when I say « occupied », I am certain that you will not have missed to note all the meanings of the word. She was already more than thirty years old when I stopped writing. And nevertheless, the worst as the best of the ambiguities were still in front of her. »

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And he asked the bartender to find an old black disk in the library of the hotel so that we can stay perfectly into the appropriate atmosphere.

 

 » You know certainly the sentence which she was supposed to have written after her stay here? It is true that she addressed only the wealthiest:  » This is the most beautiful Casino in the world – and I know all of them « .

 

Bright, incandescent passage!

 

Nevertheless, I remember having written: « It is certain that these two behaviours: to show and to see, occupy a large place in the human existence and have an influence on all which is human and too human. »

 

The beautiful lady certainly showed herself too much and not always necessarily at the right place, at the best moment. »
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And he remained pensive, while humming at a low voice an air which was rising in the room…

« Sag mir wo die Blumen sind, wo sind sie geblieben Sag mir wo die Blumen sind, was ist geschehen? Sag mir wo die Blumen sind, Mädchen pflückten sie geschwind Wann wird man je verstehen, wann wird man je verstehen?

I plunged at this moment into the reading of Badisches Tagblatt, Baden-Baden, May 24th, 1960 which the PUBLISHER had added inside the thick file of documents he felt absolutely necessary so that I can feed my daily blog.

When my reading came to the end, Groddeck had disappeared and it is Barbara’s record which broken voice had triumphed over the hoarse voice of the icon of a classic cinema.

« Bien sûr, ce n’est pas la Seine, 
Ce n’est pas le bois de Vincennes,
Mais c’est bien joli tout de même,
A Göttingen, à Göttingen.

Pas de quais et pas de rengaines
Qui se lamentent et qui se traînent,

Mais l’amour y fleurit quand même, 
A Göttingen, à Göttingen.

Ils savent mieux que nous, je pense,
L’histoire de nos rois de France,
Herman, Peter, Helga et Hans,
A Göttingen.

Et que personne ne s’offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois » commencent
A Göttingen. »