3 juillet 2013 Midi Tuoro sul Trasimeno 3 July 2013 Midday

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Je suis revenu sur la terrasse de Lorenzo. Lorsque la brume s’est levée ce matin, je me suis retrouvé une fois de plus devant un livre d’histoire. En 217 avant Jésus-Christ, les armées d’Hannibal Barca surprennent et massacrent les armées romaines sur les rives du lac de Trasimene. Ce site de l’Ombrie nous permet de comprendre un territoire et son histoire et nous apporte une clef de lecture du monde méditerranéen. Lorsque l’on découvre la plaine de Marathon, le site de Waterloo ou celui d’Austerlitz on peut certes imaginer les rumeurs des batailles, mais il faut que le paysage nous soit présenté et interprété, entre le passé et le présent, et qu’il se transforme en une carte géopolitique dont la lecture nous fasse comprendre pourquoi se sont jouées là des basculements de civilisations.

Le dessous des cartes se découvre certes dans les archives documentaires, mais aussi en parcourant physiquement les itinéraires culturels de l’histoire et de la mémoire. Lorenzo m’explique que les responsables de l’itinéraire maritime des Phéniciens coordonné en Sicile ont développé depuis deux ans un itinéraire terrestre qui relie différentes composantes du monde méditerranéen d’une manière épique, en suivant les traces de la seconde guerre punique qui permet à Hannibal Barca de préparer en une expédition depuis Carthagène, en traversant les Pyrénées et les Alpes et de tenter de contrer ainsi le pouvoir grandissant de Rome en Méditerranée.

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Pour ce faire, il rassemble à son point de départ une armée punique à laquelle s’intègrent des Celtes ibères, mais qu’il renforce au fur et à mesure de sa progression de part et d’autre des Alpes, de Gaulois qui trouvent là un moyen de contrer la domination romaine. Même si on a retenu l’image certes fascinante d’une trentaine d’éléphants et leur difficulté à traverser les montagnes, il faut imaginer plus d’une centaine de milliers de fantassins et de cavaliers dont l’épuisement se rassure en contemplant la plaine du Pô, ouverture d’une grande épopée vers le sud de l’Italie.

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C’est très exactement le 21 juin 217 Avant JC que s’est déroulée au bord de ce lac une bataille qui permet à ce rassemblement militaire en apparence hétérogène de contourner, puis de vaincre dans le brouillard du petit matin les armées de la république romaine conduites par le Consul Caius Flaminius. Une bataille qui est devenue une véritable étude de cas pour tous les grands chefs militaires ultérieurs et qui fait l’objet de la mise en place sur le terrain de panneaux illustrés dont la conception est due à un brillant universitaire de Bologne, Giovanni Brizzi qui joint la précision historique à une passion d’enseignant qui l’a amené à rédiger une biographie du grand stratège…à la première personne. La découverte des sites est proposée aujourd’hui aux visiteurs, avec l’aide de médiateurs qui font toucher les objets et parler les paysages, mais s’appuient à l’occasion sur des reconstitutions historiques dont les personnages sont habillés là aussi avec une grande précision historique.

J’étais content de partager avec Lorenzo cette passion quasi dramatique. Finalement je continue à me gaver de cette Italie qui est devenue mienne. Je m’arrêterai ce soir à Montefiascone. J’ai encore du temps devant moi pour flâner.

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I returned on Lorenzo‘s terrace. When the mist got up this morning, I found myself one more time in front of a history book. In 217 AD, Hannibal Barca’s armies surprised and massacred the Roman armies on the shore of Lake Trasimene. This Umbrian site enables us to understand this area and its history and provide us with the key to understanding the Mediterranean world. When we consider the plain of Marathon, the site of Waterloo or that of Austerlitz, we can imagine these battles taking place, but the landscape has to be presented to us and interpreted in a way that links the past and the present, and turned into a geopolitical map which makes us understand why these events, which shook civilisations, took place there. Lesser known details can of course be found in archives, but also by physically crossing the cultural Routes of history and memory.

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Lorenzo told me that those in charge of this maritime route of the Phoenicians which is coordinated in Sicily have spent two years developing an overland route which links different parts of the Mediterranean world on an impressive scale, retracing the Second Punic War which enabled Hannibal Barca to organise an expedition from Carthage, crossing the Pyrenees and the Alps and to attempt to block Rome’s  growing power in the Mediterranean. In order to do this, he first of all assembled a Punic army, which included a number of Celtiberians, but which, as it progressed, grew with people joining from both sides of the Alps, notably Gauls, who chose joining this army as their way of resisting Roman domination. The idea of thirty elephants struggling to cross the mountains is fascinating enough, but when we add to this over one hundred thousand infantrymen and cavalrymen whose exhaustion was only bearable because of the thought of Po Valley, it opens a big saga towards the south of Italy.

Giovanni Brizzi

It was exactly on 21st June 217 B. JC that the Battle of Lake Trasimene took place, when, in the early morning fog, this outwardly heterogeneous military group managed to evade and then defeat the army of the Roman Republic which was lead by the consul, Gaius Flaminius Nepos. A battle which has become a real case study for all great subsequent military leaders and which is the subject of a number of on-site image boards, conceived by a brilliant academic from Bologna, Giovanni Brizzi, who unites historical precision with a passion for teaching, which is what lead him to write the great strategist’s biography…in the first person. Today visitors are encouraged to rediscover these sites, and to use objects and landscapes to bring the story to life, as well as the occasional historical re-enactment, with figures in very realistic costumes. I was pleased to share with Lorenzo this dramatic passion. Finally I continue to stuff myself with an Italy which became mine. I shall stop this evening in Montefiascone. I still have time in front of me to enjoy travelling.